La fluorine
La fluorine (ou fluorite) est un minéral aux couleurs tendres et acidulées, composé de fluorure de calcium et de composés organiques. Les cristaux sont généralement cubiques et peuvent présenter différentes couleurs: violet (la plus fréquente), vert, bleu, jaune, rose, etc. La fluorite peut également être incolore lorsqu’elle est pure. C’est un minéral relativement abondant à travers le monde. On le trouve dans de nombreux gisements hydrothermaux ainsi que dans les roches sédimentaires, mais également comme dépôt dans les granites ou des roches métamorphiques comme le gneiss. Elle est particulièrement associée aux minéraux métalliques : les sulfures de plomb, de zinc et d’argent, où elle forme une partie de la gangue. Elle peut être associée alors avec de la barytine, du quartz et de la calcite.
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Les métallurgistes du XVIe siècle avaient remarqué que les minerais contenant de la fluorine fondaient plus facilement. C’est pourquoi, en 1556, dans le célèbre ouvrage De Re Metallica, Agricola la nomme “fluores lapides” (pierre qui coule), qui deviendra fluorine, laquelle donnera ensuite son nom au gaz qui la constitue, le fluor. L’utilisation de la fluorine en tant que minéral industriel est relativement récente. Son intérêt était, jusqu’à la moitié du XIXe siècle, essentiellement décoratif. Puis il devint industriel dans les années 1820.
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La fluorite est utilisée principalement, dans les secteurs de l’industrie chimique et sidérurgique, pour la production d’acide fluorhydrique et de produits fluorés dérivés (fluorure d’aluminium, fluides réfrigérants, agents gonflants de mousses de polyuréthane, polymères, solvants, produits chimiques). On utilise également la fluorite comme fondant pour la fabrication de l’acier ainsi que dans la fabrication de verre, de fibres de verre, d’émaux de céramique et de baguettes de soudure. Le fluorure de calcium sert également dans la fabrication d’instruments d’optique (microscope, spectrographe, télescope).
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La carte des gisements de fluorine montre qu’il existe en France sept grands districts à fluorine, dont cinq situé dans le Massif Central (le Morvan, le Limousin-Marche, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Tarn). Les deux autres sont ceux du Canigou (Pyrénées-Orientales) et de Provence.
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Le district qui nous intéresse s’étend sur les massifs des Maures, du Tanneron et de l’Esterel sur une centaine de km de long et une trentaine de km de large. On compte de très nombreux gîtes de fluorine qui sont tous de type filonien. Dans le Tanneron et l’Esterel, les gîtes sont le plus souvent essentiellement fluorés, plus rarement fluo-barytiques. A l’inverse, dans les Maures, ce sont les gîtes fluo-barytiques qui sont les plus nombreux. Ces derniers sont en outre souvent riches en sulfures (galène et blende principalement) et certains d’entre eux ont fait l’objet d’une exploitation pour du plomb et du zinc.
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L’importance de ces gîtes est très variable. Dans les Maures, on connaît ainsi plusieurs petits filons de Pb-Zn à gangue de fluorine abondante qui firent l’objet de quelques travaux pour cette substance. Mais également des gîtes essentiellement fluorés.
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Les gîtes de moyenne importance sont ceux des Trois-Termes, de Maurevieille, des Trois-Vallons, du Planestel et de l’Avellan, tous situés dans l’Esterel ou en bordure de ce massif. Tous ces gîtes sont représentés par des filons isolés.
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Les gîtes importants enfin sont représentés par le Garrot, le Pic Martin et surtout par Fontsante. Ces trois gîtes ont assuré le gros de la production qui s’est élevé à 985 000 t de concentrés (près de 14 % de la production totale française).
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L’existence de spath-fluor (appellation industrielle), en Provence, en filons exploitables a été reconnue dès le début du XIXe siècle. Mais faute de réseau de transport adéquat, les exploitations se limitaient à quelques tonnes extraites au niveau des affleurements. Il faudra attendre le début du siècle suivant afin que l’on se rende compte que le spath-fluor est devenu indispensable à l’industrie, notamment dans l’élaboration de l’acier et de l’aluminium, pour que la production augmente de façon constante jusqu’à la fin des années 1970. La crise économique de 1973 et la récession du marché du spath-fluor va conduire les pays importateurs à chercher des produits de remplacement plus avantageux.
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Dans les massifs provençaux, la production a été très forte à partir de 1925 et a atteint son niveau le plus élevé à la veille de la seconde guerre mondiale (41% de la production nationale). Après la guerre, la reprise fut laborieuse et, malgré l’apparition de nouveaux débouchés et le passage du spath-fluor dans la catégorie des substances concessibles en 1961, il fallut attendre l’année 1971 avec la mise en pleine exploitation du gisement de Fontsante pour que la région retrouve sa production d’avant guerre.
Sources :
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BRGM : Ressources minières françaises Tome 3
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Gilbert Mari : mines et minéraux de la Provence Cristalline