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La bauxite


La bauxite est une roche sédimentaire ou résiduelle tendre, principalement composée d'hydroxydes d'aluminium (gibbsite, boehmite, diaspore) associées à des oxydes de fer et des impuretés (silice, calcite). Issue de l'altération de roches en climat chaud et humide, elle contient des minéraux argileux et peut se présenter sous différentes couleurs en fonction de sa composition :


-La bauxite blanche sert dans la verrerie, la céramique, ... Elle est riche en silice (16% en moyenne et pauvre en oxyde de fer (7%)
-La bauxite rouge sert à la production d'aluminium et de ciment. Sa couleur rouge est due à l'hématite (22% environ) mais pauvre en silice (5%).
-La bauxite grise, de meilleure qualité, sert dans la production d'abrasifs et de ferro-alliages. Elle est très pauvre en silice (1%) et très riche en oxyde de fer (30%)

 

C'est le chimiste Pierre Berthier (1782-1861) en 1821 qui identifia cette roche pour la première fois, près du village des Baux en Provence (il lui donna le nom de "terre d'alumine des Baux". L'orthographe actuelle est due à H. Sainte-Claire Deville).


Sa découverte a été décrite dans le journal des Mines :


"Il existe auprès d'Arles, sur une colline qui porte le nom de colline des Beaux, et tout-à-fait à la superficie du sol, un dépôt considérable de minerai de fer, semblable par son aspect et par son gisement aux minerais de fer dits d'alluvions. On s'était proposé, dans ces derniers temps, d'exploiter ce minerai pour le fondre au haut-fourneau. M. Blavier en ayant envoyé quelques échantillons au laboratoire de l'Ecole pour faire constater sa richesse, je l'ai examiné et j'ai trouvé qu'il était composé d'hydrate d'alumine, mélangé d'oxyde rouge de fer. L'hydrate d'aluminen'ayant pas encore, que je sache, été trouvé en Europe, je crois devoir rapporter les expériences qui m'ont conduit à reconnaitre son existence dans le minerai des Beaux. Ce minerai se présente tantôt en morceaux de forme indeterminée, tantôt en grain ronds, de la grosseur d'un pois, agglutinés dans une pâte de même nature et pénétrée de chaux carbonatée, laminaire, limpide, qui semble s'y être introduite par infiltration. La matière ferrugineuse est d'un rouge de sanguine sans mélange de jaune ; sa cassure est unie et luisante et jamais rayonnée : sa pesanteur spécifique est peu considérable, elle varie beaucoup."


Il faudra ensuite attendre l'année 1854 pour que l'aluminium soit isolé par le chimiste Henry Sainte-Claire Deville (1818-1881). Soutenu dans ses recherches par Napoléon III il installera une usine, à Javel, à Paris qui permettra de sortir les premiers lingots d'aluminium qui seront présentés lors de l'exposition internationale de Paris en 1855. Produit en petites quantités et réservé à des fabrications de luxe, la bauxite ne deviendra "bon marché" qu'après la mise au point des procédés de fabrication industrielle, par électrolyse.


C'est en 1886, que deux savants, le français Paul Héroult et l'américain Charles Martin Hall mettent au point simultanément, un même procédé par électrolyse, qui permet l'obtention de l'aluminium. L'année suivante le chimiste autrichien Karl Joseph Bayer, utilise un procédé à base de soude pour obtenir de l'alumine et dépose un brevet en 1888. Ce procédé est toujours utilisé aujourd'hui grâce à des améliorations essentielles apportées au cours du temps.


Procédé Bayer : La bauxite est broyée puis mélangée à de la soude à haute température et sous pression. Le mélange obtenu, l'aluminate de sodium, est débarrassé de ses impuretés, puis dilué et refroidi, ce qui provoque la précipitation d'oxyde d'aluminium hydraté. Celui-ci est alors calciné pour obtenir l'alumine destinée à la production d'aluminium.
 

Procédé Hall-Heroult : consiste à réduire par électrolyse de l'alumine dissoute dans un bain de cryiolithe fondue à environ 950°C, dans une cuve traversée par un courant électrique de haute intensité. L'aluminium métal liquide se dépose au fond de la cuve lors de l'électrolyse. Il est régulièrement prélevé par siphonage dans une poche et conduit en fonderie pour être traité et mis en forme.
 

Finalement un nouveau procédé nettement moins énergivore et moins polluant (réduisant ainsi les boues rouges) a été développé par une entreprise canadienne en 2008, il s'agit du procédé Orbite. Le minerai est initialement broyé très finement puis la poudre est attaquée par de l'acide chlorhydrique à très haute température. L'oxyde de fer et l'oxyde d'aluminium sont transformés en chlorures de fer et chlorures d'aluminium.

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L'histoire de la bauxite, en France, est intimement liée à la Provence. C'est dans le Var, que son bassin le plus important a été exploité. Situé sur une trentaine de kilomètre de part et d'autre de Brignoles, ce bassin a dominé pendant près d'un siècle la production nationale, et même mondiale au début du XXe siècle. Hors de ce bassin on retrouve d'autres gisements secondaires : les sites des bouches du Rhône (Allauch et Les Baux), quelques lentilles dispersées dans le Var (Tavernes, Rognettes, Sillans la Cascade, le Revest) et les exploitations de l'Hérault autour de Villeveyrac et de Bédarieux. A ce jour les plus grands gisements mondiaux se situent notamment en Guinée, en Australie, aux Etats Unis et au Brésil.
 

-La bauxite du bassin brignolais 
          La concession de Tourves
          La concession de Saint Julien
          La concession de Rougiers

          La concession de Mazaugues
          La concession d'Engardin
          La concession des Pourraques
          La concession de Merlançon

-La bauxite du Thoronet 
-La bauxite d'Allauch 
-La bauxite des Alpilles

-La bauxite du Revest

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Les premières exploitations apparaissent vers 1860 dans la région d'Auriol, puis à Cabasse en 1873 après les découvertes du géologue Gabriel Auguste Daubrée (1814-1896). C'est le commencement de l'exploitation d'un bassin qui s'étend d'Ouest en Est entre Saint Maximim et le Cannet des Maures. Les débuts sont plutôt timides, sur les cinq premières années (1876 à 1880), dans le Var, une dizaine d'ouvriers ont extrait 7000 tonnes. Durant les années qui suivent, de nombreuses mises en chantier apparaissent et le Service des Mines, dans son rapport annuel de 1894, fait état de 21 carrières à ciel ouvert employant un total de 108 ouvriers.


C'est en 1895 que commence vraiment l'essor du bassin et son entrée dans le domaine du capitalisme international quand s'implante l'Union des Bauxites (filiale de la British Aluminium Company) qui rachète les gisements de la société Augé. Il faudra attendre une dizaine d'année pour que le groupe soit concurrencé. Plusieurs grands groupes internationaux arrivent, notamment, Les Bauxites de France (filiale du groupe germano-suisse Aluminium Industriel A.G.) qui ravit le principal gisement celui du Recoux.


Les compagnies françaises étaient représentées par Alais Froges et Camargue "Pechiney" et Ugine (l'Electrochimie) et doivent attendre la Première Guerre mondiale pour commencer à concurrencer les deux géants.


Enfin en 1922 une nouvelle société s’implanta dans la région : Les Bauxites du Midi (filiale du puissant trust américain Alcoa).


C'est dans cette période de guerre que la production croît et s'envole grâce aux investissements et à la mécanisation pour atteindre 540 000 tonnes en 1939. Celle-ci double et atteint un million de tonnes au début des années 1950 jusqu’à arriver à 2,2 millions de tonnes, record de production en 1972.
 

Malgré ces chiffres, la découverte de nouveaux gisements plus riches en Afrique, en Australie et aux Etats Unis exploitables à ciel ouvert (plus rentables) va sonner le glas des exploitations varoises qui vont fermer tour à tour jusqu'à la dernière en 1989, celle de Recoux.

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En l'espace d'une quinzaine d'année toutes ces exploitations sont tombées dans l'oubli et ont disparu du paysage. Rapidement toutes les installations ont été démontées, la végétation a repoussée et il est difficile de s'imaginer ce que pouvait être ces sites en surface. La partie souterraine semble, quant à elle, un plus préservée et fait l'objet d'étude et d'analyse car elle abrite désormais des millions de m3 d'eau qui ont envahi peu à peu la majorité des galeries.

Il est intéressant de voir que selon les saisons, certains sites complètements inondés en hiver se retrouvent accessible en été, ce qui rend chaque visite différente. Il devient de plus en plus difficile d'accéder au travaux souterrain de grande envergure (terrain privé, entrée condamnée, danger d'effondrement,...) c'est pourquoi certaines photos peuvent dater de plusieurs années. Pour rappel, contrairement aux cavités naturelles, le creusage de galerie peut perturber l'équilibre des roches. Certains passages peuvent ainsi, suite à l'arrêt de l'exploitation et par conséquent plus aucun contrôle, se trouver en limite de rupture et que les vibrations peuvent causer des éboulements. Veuillez prendre toutes les précautions nécessaires si vous trouvez des accès ou faites-vous accompagnez par des personnes compétentes. 

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Sources :

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